jeudi 16 février 2017



QUEEN OF KATWE
de mira Nair


J'ai vu très peu de film de Lupita nyong'o, d'abord car sa carrière est courte, mais les choix qu'elle fait sont toujours ambitieux. Ne pouvant voir la pièce de théâtre qu'elle a joué à New York, j'ai décidé de la suivre sur instagram. Et c'est comme ça que j'ai entendu parlé de ce film. Je me sens coupable car si elle n'avait pas fait partie de ce projet, je ne m'y serai pas intéressée, car estampillé « disney ».

Queen of Katwé, suit la championne d'échec Phiona Mutesi alors qu'elle a une petite dizaine d'années. Pour permettre à sa famille de survivre, elle vend des épis de mais, au bord de la route de son bidonville katwé.. En effet sa maman élève seule ses quatre enfants et chacun d'entre eux travaillent pour que tous est à manger, ainsi qu'un toit pour dormir.
 A force de voir son frère disparaître, Phiona décide de le suivre et se retrouve dans le cours d'échec de Robert. Robert est un ingénieur issu lui aussi de Katwe. N'ayant personne pour le pistonner dans une entreprise il se décide à travailler pour l'église et à encadrer les enfants. Constatant qu'une partie d'entre eux viennent en voir d'autres jouer au foot mais ne peuvent pas participer, car leurs parents n'auraient pas les moyens de les soigner si ils se blessaient. Il leur propose de faire un autre jeu de stratégie moins dangereux... les échecs! Il créé un espèce de cours de d'échecs ou les enfants apprennent à jouer et peuvent manger du porridge.
C'est dans ce cours qu'arrive notre héroïne. Alors qu'elle ne sait pas lire, elle comprend tout de suite les stratégies, comment anticiper et devient vite le petit prodige de l’Ouganda. Cependant tout parcours initiatique est difficile, et c'est ça que nous suivons.

Le travail sur l'image retransmet avec beauté et parfois âpreté les couleurs de l'Afrique. Il n'y a pas un moment ou à l'image on ne voit pas la pauvreté, mais il n'y a pas un moment ou l'on ne voit pas ses couleurs chaudes sur les tissus, sur les habitations ou dans les paysages. Ce qui m'a le plus étonnée est le discours sur l'enfance de ces petits. Je m'attendais quand même à une vision très Disney. J'avais tout faux. Tiré du roman autobiographique de cette championne, on aborde la misère, la mort que ce soit des adultes ou des enfants. le manque de tout. La maternité précoce, mais également l'inquiétude quand arrive l'age ou elle devient femme.
Le racisme, et l'exclusion que provoque la pauvreté. Tout est abordé, pour certaines choses au détour d'une phrase, pour d'autre de manière plus développée. Mais ces thèmes sont portés par ces enfants plein d'entrain, ils allègent le ton du film tout en préservant le fond. Et ces thèmes passent sans jamais que le film effleure le mélodrame.

Une prouesse de la réalisation, mais elle n'est pas seule tout est justement mené. La réalisatrice articule son récit en fonction des parties importantes que joue Phiona. elles sont des marqueurs tout autant de l'évolution de son jeu que de son évolution personnelle, voire celle de sa famille. ça allège, le récit et balaie tout ce qu'il y a à balayer. Cette dextérité dans la réalisation se retrouve dans la manière de diriger son casting majoritairement d'enfants, une vraie prouesse. Ils sont tous tellement attachants, et si forts qu'ils sont inspirants.
 Les adultes sont principalement représentés par David Oyelowo et Lupita Nyong'o, ils sont parfaits , ils n'ont pas le choix, c'est le minimum à faire quand on donne la réplique à ces enfants.
Lupita nyong'o en est l'exemple le plus marquant. Elle est Henriette, ses mimiques, sa beauté, la force qui émane d'elle rend possible l'histoire incroyable de femme africaine, veuve mère et seule. Et c'est en ça que je suis la plus reconnaissante au film. Le discours sur cette mère courage qui apprend la force à ses enfants et qui leur permet d’être des gens biens. Cette femme qui affrontera la misère sans aucune compromission, pour ne jamais montrer le mauvais exemple à ses enfants. Et qui fera toujours au mieux pour eux. Ne baissant jamais les bras, et se battant chaque jour.
Elle n'est pas la seule femme forte de ce film. Sa fille est la fille de sa mère. Elle est têtue, courageuse, volontaire, investie et pense autant à sa famille qu'à elle.


Ce film m'a émue par son discours, par ses personnages, par la force qui émane de lui. C'est un film sans concession pour un Disney. Et pourtant il n'y a aucune date de sortie en france. Je ne ferai pas de politique à trois balles, mais je me demande ce qui peut bien l'empêcher de sortir . 

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