CITIZEN
KANE
de
Orson Welles
Le film commence par un magnifique plan sur un
portail majestueux, derrière lequel se découpe à l'horizon un
château. La luxueuse demeure de Charles Foster Kane, Xanadu. Kane,
l'un des hommes les plus puissants, et les plus riches de l’Amérique
vient de mourir, seul avec ses serviteurs. Lors de son dernier
souffle, il a fait tomber la boule à neige qu'il tenait et murmuré
«rosebud». Au moment de rédiger la nécrologie de cet ancien
magnat de la presse, des questions se posent qui est rosebud?
et
pourquoi ce sont ses derniers mots? Un journaliste décide donc
d’enquêter sur l'homme et retrace sa vie et elle commence dans une
petite ville du fin fond de l’Amérique, ou sa mère aubergiste
l’élevait.
La première chose qui impressionne dans ce film est
le luxueux noir et blanc dans lequel il est filmé. Il est beau et
intense. Un soin particulier a été porté à la lumière. La
lumière et la photographie sont les ornements du film mais pas
seulement. Ils représentent aussi l'état d'esprit dans lequel est
notre héros. De la lumière franche quand il fait campagne, aux
pièces sombres de xanadu, elles sont un vrai indicateur à l'image
de l'état d'esprit de cet homme.
Welles utilise un autre de ses points forts pour nous
parler de son personnage principal; c'est la construction de son
image. A l'écran ce film est juste magnifique. Il y a des moment ou
j'aurai voulu arrêter le blu ray, juste pour admirer comment il met
en scène les perspectives, ou les effets de profondeurs.
Tout est
tellement étudié, tout est si magnifique, que chaque image est une
œuvre d'art à part entière. Tout ce décor, devient le reflet de
la vie de Kane, de sa complexité. Lorsqu'il traverse un moment
simple et apaisé, le décor est dépouillé; lorsque c'est
compliqué, il y a une architecture recherchée ou alors une
accumulation d'objets. On peut savoir à tout moment ou en est cet
homme dans sa vie.
Même si je pourrai voir et revoir ce film pour sa
photographie, et sa construction pour le comprendre et le
décortiquer; la prouesse du réalisateur tient aussi à la manière
dont est raconté le film. Il y a un narrateur en voix off,
omniscient qui nous guide au début et à la fin du film. Puis il y a
le journaliste, qui chargeait de comprendre ce qu'est « rosebud »
passe de protagoniste en protagoniste. Et ce sont eux qui nous
raconte la vie de cet homme avec des analepses, ou ils nous livrent
un moment de leurs vies qu'ils ont partagé avec Kane et qui nous
apprend quelque chose sur lui de manière subjective.
C'est le
briefing, du début du film, le moment ou les journalistes préparent sa nécrologie qui
nous donne la trame de l'histoire. Et chaque passage du film trouve sa
place naturellement dans sa chronologie.
Tout est pensé. Même le personnage du journaliste
n'est jamais face caméra, il est toujours de dos, ou dans la
pénombre ou c'est filmé en vue subjective A la fin du film on ne
connaît pas son visage, la seule personne que nous avons suivi
pendant tout le film est le ctizen Kane. Et pourtant a aucun moment,
il ne témoigne sur sa vie.
Devant la caméra, comme derrière, il y a orson
welles. Oui car quand on est talentueux on peut briller de chaque
coté de la caméra dans un même film. Il est Charles foster kane,
dans sa complexité, et dans sa solitude au milieu de la foule. Je
n'imagine aucun autre acteur capable de jouer cet homme au fil de sa
vie. Même les maquillages sont exceptionnels pour des effets
spéciaux de la fin des années 30.
Après il est juste l'arbre plus grand que tous les
autres dans la foret, car tous les acteurs sont excellents.
Il n'y a pas à se torturer pour conclure ce billet.
Regardez ce film.
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