GHOST
DOG
jim
Jarmusch
Il
y a bien longtemps que j'ai découvert ce film. Mais mon amoureux ne
le connaissait pas. Depuis des années on l'a en dvd, et jamais on
avait pris le temps de le regarder. Mais après avoir
vu Paterson, j'ai
décidé de voir et revoir plusieurs films de Jim Jarmusch dont celui
ci.
Ghost
dog est le nom de samouraï que s'est choisi notre héros. Il vit sur
le toit d'un immeuble du New Jersey, ou il élève des pigeons et lit
l'Hagakure, le code du samouraï. La nuit il sort, et va travailler,
il est tueur à gages. Un jour, il reçoit la mission de tuer un
homme, qui couche avec la nièce d'un mafieux. Et finalement c'est
lui qui se retrouve au centre des problèmes.
Il
est difficile d'écrire sur ce film que j'ai pourtant adoré. Ça
fait plusieurs jours que j'essaie mais en vain. Je pense que le fait
qu'il soit à la fois épuré dans sa forme et riche dans son contenu
ne simplifie pas l'exercice.
Le
postulat est basique, on l'a déjà vu. Et c'est en ça qu'il
ressemble tant au film de Melville dont le réalisateur revendique
l'influence. Mais ici c'est pour faire mieux ressortir des valeurs
fortes d'honneur et d'intégrité.
Le
scénario et la réalisation sont dépouillés, simples et efficaces.
Les dialogues sont peu nombreux, ghost dog est peu causant comme
personnage. Mais les silences sont explicites.
Il
a des échanges formidables (dignes de la pataphysiques) avec son
meilleur ami qui parle français, alors que le tueur ne parle
qu'anglais. Il n'y a aucune communication réelle mais ils sont en
phase. Ils prononcent les mêmes mots dans deux langues différentes.
Il paraît incroyable qu'ils aient réussi à se trouver. Pour moi
c'est l'un des passages les plus forts du film.
Pour
ne pas transformer ce film taiseux en film silencieux; jim Jarmusch
l'habille avec un choix musical très audacieux. A la fois en prise
avec la période ou ce film est sorti très fin des années90 (des
morceaux de rap et d'autres plus électroniques) mais aussi certains
plus intemporels qui eux sont les repères de l'état d'esprit de
notre personnage central.
La
réalisation est sans fioriture, mais tellement efficace! Car tout ce
que l'on ne retrouve pas dans des effets spéciaux, ou dans des choix
aventureux de décors il le met dans la poésie du film. Il y a un
passage absolument magique avec un bateau (pour toute personne qui
pense que c'est impossible sachez que dans la ville ou on habite il y
en a un dans un endroit similaire)et tant d'autres choses...
Puis
il y a les thèmes de ce film. Thèmes que l'on retrouve dans les
enseignements des samouraïs. Cette philosophie est déclinée
pendant tout le film. Les livres lus sont l'hagakure et
Rashomon. Ghost dog revendique cette doctrine et en applique
les codes. Il est fidèle autant en amitié qu'envers celui qui un
jour lui a sauvé la vie, il transmet ses valeurs, il combat avec
honneur...
Ce
film est plein de bons acteurs, mais c'est forest whitaker qui le
porte, et qui est présent dans chaque scène. Il ne parle quasiment
pas. Tout est expliqué par un regard, par une manière de bouger de
se mouvoir. C'est une leçon d'acting.
J'aime
Jim Jarmusch, j'aime sa poésie, et ce film est l'un de ceux qui me
touche le plus par son intégrité et l'ambiance qu'il dégage.
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